La qualité au coeur des IGP
6 janvier 2025
Les 16 IGP viticoles du sud-est ont fait le choix de conserver la dégustation systématique des lots qui était d'usage au temps des vins de pays...
Des vins sans défaut
Garantir une origine géographique des raisins, du lieux de leur vinification, tout en laissant aux vigneronnes et vignerons la liberté des pratiques au vignoble, et une certaine tolérance à la cave, c'est effectivement le cas pour les vins IGP du sud-est. Par contre les professionnels des IGP viticoles ont choisi à l'unanimité de contrôler la totalité des lots vrac de la production pour vérifier l'absence de défaut des vins présentés. L'objectif n'est pas de se substituer aux concours, et donc de définir un niveau qualitatif des vins présentés, mais bien de vérifier qu'ils soient exempts de défaut sur la base d'une liste officielle ici. L'objectif est de garantir des vins de qualité, à défaut d'une typicité absente sur ce segment car la liberté et la diversité de leurs cahiers des charges la rend impossible à déterminer. En revanche, détecter un défaut (l'insuffisance d'un vin en fait partie) est plus accessible.
Une organisation régionale expérimentée
Les Organismes de Défense et de Gestion de chaque département sont d'une efficacité et d'une expérience redoutable.
- Contrôle documentaire des opérateurs avec vérification des rendements et de la cohérence des revendications avec les volumes déclarés de la récolte, supervision des adhérents d'une partie des coopératives, et des négociants vinificateurs...
- Organisation de commissions organoleptiques avec 20 échantillons par jury, 3 échantillons par lot prélevés sur cuve (1 pour l'analyse, 1 pour la dégustation et le dernier pour confirmer une non conformité potentielle). Sur la région de l'IGP Méditerranée cela représente plus de 6 000 lots, évalués sur plus de 100 commissions... Données variables selon les récoltes, et le marché.
Chaque jury est composé de 3 jurés minimum, qui sont tous confirmés. La régularité de leur pratique (au minium 3 fois par an) est complétée par une formation de remise à niveau qui a lieu tous les 2,3 ans dans chaque ODG. Il doit comporter minimum 2 collèges sur les 3 existants. Il y a les porteurs de mémoire (les vignerons), les techniciens (oenologues, maîtres de chais) et les usagers du produit (professionnels comme les négociants, les cavistes, les connaisseurs du signe de qualité ...). La compétence de ces dégustateurs dans chaque département est une vraie force : leur professionnalisme, leur disponibilité et leur palais aguerri sont les garanties du bon niveau qualitatif du segment IGP dans notre région. Plus de 600 dégustateurs officiels font partie du territoire de l'IGP Méditerranée, sur les 7 syndicats reconnus ODG qui gèrent les 10 départements. Une cinquantaine est sollicitée régulièrement dans chaque département. Sans ces dégustateurs, il n'y aurait pas d'IGP sur le marché...
Le principe est relativement simple : un lot revendiqué est prélevé sur cuve par l'ODG pour un premier contrôle en interne. S'il y a une non conformité constatée, elle peut être rédhibitoire ou non rédhibitoire.
- Si elle est non rédhibitoire, le lot peut être retravaillé et représenté en interne une 2nde fois. En cas de non conformité confirmée, le lot est refusé en IGP.
- Si elle est considérée comme trop grave elle est rédhibitoire et le lot est refusé en IGP.
- En cas de non conformité du lot, le vinificateur déclasse son vin en SIG (sans indication géographique) ou il peut faire un recours externe auprès de l'Organisme de Certification.
La force de notre organisation est sa mutualisation. Dès la la création du vin de Méditerranée, à l'époque "Vin de pays Portes de la Méditerranée", elle a été mise en place avec chaque département pour réaliser des économies d'échelle. La Fédération effectue un suivi régulier pour s'assurer de l'équité des contrôles dans chaque département. Une dégustation centralisée a été testée durant 3 ans il plusieurs années, sur 10% des lots. Le constat a été sans appel : une homogénéité qualitative des vins. Elle a donc été abandonné pour reprendre la totalité des contrôles à l'échelle départementale, le professionalisme de chaque ODG étant garant de leur efficacité. Nous sommes fiers de ce travail collectif qui permet une économie d'échelle, donc de coût, et une simplification des interlocuteurs pour la vigneronne, le vigneron concernant les vins IGP. Cette mutualisation a également pour avantage de réfléchir collectivement à l'optimisation de la gestion de ces commissions organoleptiques, à la gestion des cas particuliers, et des difficultés rencontrées.
Une moyenne de 2 000 lots est contrôlée pour l'IGP Méditerranée ce qui représente une centaine de dégustation répartie dans tous le territoire de l'IGP.
Nous enregistrons en moyenne entre 3 et 4% de non conformité en 1er passage, avec un pic à 7% sur la campagne 2023-2024.
Merci à toute l'équipe des ODG!
Anne Moisan et Catherine Jury pour l'Ardèche, Juliette Mounier pour la Drôme, Alice Delhome et Mladen Grumic pour le Vaucluse, qui gèrent également les contrôles des vins des Alpes (les 04 et 05), Marie de Monte et Christine Durand pour les Bouches-du-Rhône, Céline Siccardi, Jérome Rouzier et Elodie Gilardi pour le Var et les Alpes Maritimes, et Nathalie Pierrini et son équipe pour la Corse.
Coordonnées des ODG ici
Travailler sérieusement ne veut pas dire sans légèreté... Dans le Vaucluse, la dernière commission de l'année se fait aux couleurs de Noël, tout le monde se prête au jeu dans la bonne humeur :-)
Ne pas oublier les mascottes.... à poils! qui ont du flair...
La parité est presque respectée ...
Alice, la contrôleuse qualité, qui veille au bon déroulement des dégustations. Une main de fer dans un gant de velours ... Très sympathique elle reste cependant d'une rigueur redoutable dans la supervision des commissions et le respect des procédures!
Elles peuvent réunir jusqu'à 6 jurys aux périodes intenses (entre novembre et mars, selon les campagnes).
Après l'effort le réconfort... un buffet pour ne pas repartir le ventre vide et clôturer l'année en parlant bien sûr de vins!
Commission organoleptique à Vidauban, dans les locaux du syndicat des Vignerons du Var, à la Chambre d'Agriculture.
Dans la Drôme il existe 2 lieux de commission, comme dans les Bouches du Rhône : Le secteur Nord se contrôle à Tain l'hermitage, siège de l'ODG, quand le sud se contrôle à Suze la Rousse, au Château où est basé l'Université du Vin qui n'est plus à présenter.