Changement climatique rime avec nouvelles pratiques!

29 juin 2021

 L’ICV a organisé une matinée thématique à Gigondas sur les adaptations du vignoble face au changement climatique et Jacques Rousseau a proposé à cette occasion des pistes d’adaptation au vignoble Méditerranéen et Rhodanien.

 

Le réchauffement climatique est une réalité déjà bien visible sur le vignoble Français. Le climat méditerranéen, autrefois circonscrit au littoral et à son arrière-pays, devrait englober 1/3 du territoire Français d’ici à la fin du siècle. Ce changement climatique a des répercussions différentes selon les territoires. Si au nord de l’Hexagone il a pour effet d’augmenter les rendements, au sud la situation se détériore. 

Les conséquences de ce changement sont nombreuses sur le territoire de l’IGP Méditerranée : elles prennent notamment la forme d’une aggravation du déficit hydrique et d’un dessèchement estival des sols. La diminution de la pluviométrie et l’augmentation de l’évapotranspiration ont pour conséquence une réduction de la taille des baies, une augmentation des degrés et une baisse de l’acidité.

Certaines bonnes pratiques culturales permettent néanmoins de s’adapter à ces nouvelles conditions, d’en limiter les effets, et parfois, d’en tirer des bénéfices.

 

  1. Amélioration de l’efficacité pluie

Les bienfaits de la pluie doivent être optimisés : réduction du ruissellement et mise en place de techniques d’augmentation de la capacité de pénétration des sols. Ces deux objectifs sont rendus possibles par l’amélioration du système racinaire de la vigne et la diminution de la compaction et de l’érosion des sols.

 La compaction est provoquée par un usage déraisonné des machines agricoles et entraîne une diminution de l’infiltrabilité, notamment au niveau de la bande de roulement des engins.  L’emploi de couverts végétaux, notamment en hiver et l’utilisation d’enjambeurs à pneus basse pression sont des solutions qui permettent de limiter cet impact négatif.

L’érosion est une autre conséquence du travail du sol. Une fois encore l’enherbement des inter-rangs est une solution, puisqu’il permet une fixation des sols.

ð L’enherbement de la vigne est un outil intéressant aux larges bénéfices. Il permet une diminution de l’érosion, de la compaction, de la perte d’engrais et de l’asphyxie des sols. A contrario il contribue à leur richesse, à leur capacité de rétention, à l’activité biologique et à la biodiversité. Cette stratégie doit être conduite en hiver pour éviter toute concurrence avec la vigne.

 

  1. Amélioration à l’échelle du territoire

L’adaptation aux nouvelles conditions de culture passe aussi par de nouveaux modes de conduite des pieds de vignes.

Les plantiers : La vigueur des plantiers doit être favorisée, un feuillage fourni est le gage d’un système racinaire développé et efficace. Fertilisation, emploi de biostimulants, binage et arrosage sont indispensables à leur développement. L’élimination systématique des grappes et l’enherbement des inter-rangs favorisent également un enracinement profond.

Gestion du feuillage : Le feuillage doit être entretenu de façon à limiter la transpiration et à favoriser l’ombrage du raisin et du sol. Pour ce faire il est possible de : 

• Remonter les troncs pour réduire la réflexion du sol

• Réduire la surface foliaire pour réduire la transpiration

• Favoriser des ports étalés pour ombrer le raisin et le sol (limiter les écimages, port évasé en été)

 • Favoriser le microclimat frais du feuillage et des grappes : éviter les espaliers trop étroits

• Protéger les grappes du soleil direct : limiter les effeuillages

• Préserver l’aération des grappes

 

  1. Changements plus radicaux

Choix de cépages plus adaptés : Il existe une variété de cépages endémiques de la Méditerranée Française qui bénéficient d’une bonne résistance à la sécheresse. Ce panel est complété par d’autres cépages étrangers, eux aussi originaires du pourtour méditerranéen.

Ces variétés répondent aux impératifs suivants :

• Adaptation au gel

Adaptation au stress hydrique

• Adaptation aux fortes températures

• Préservation du potentiel qualitatif des vins

     

   

Une dégustation a clôturé les présentations, et les invités ont eu le plaisir de découvrir des cépages produits et vinifiés en France de Touriga Nacional, de Calabrese, de Zinfandel, de Saperavi, d'Albarino et d'Assyrtiko, ce dernier étant dans les cépages autorisés de Méditerranée.

Naissance de nouveaux territoires : Le changement climatique offre à des territoires autrefois incompatibles avec la culture de la vigne la possibilité de développer une activité nouvelle. La vigne se déplace toujours plus loin au Nord ; pour illustrer ce développement on peut noter la création prochaine d’un vin des Hauts de France. La vigne gagne aussi en altitude, la plus haute parcelle de France se trouve dans les Pyrénées Orientales et culmine à 1340 mètres d’altitude.

 

Le changement climatique s’il est vecteur de nouvelles opportunités pour des terroirs septentrionaux, sera pour les producteurs d’IGP Méditerranée à l’origine de nouvelles contraintes. S’il existe de nombreuses pistes de travail et de réflexion, aucune solution miracle ne semble se dégager.

 

Télécharger la présentation de l'ICV, Jacques Rousseau ici